Logo Météo Cannes, météo expertisée et gratuite

Orage supercellulaire ou supercellule : quelles différences avec les orages classiques ?

C'est un terme désormais courant du jardon météorologique : l'orage supercellulaire. Plusieurs dizaines de ces orages sont observés en France durant l'été. Quelles sont les différences entre un orage supercellulaire et un orage dit "classique" ?

 

Quelles différences avec les autres orages ?

L'orage est un phénomène bien plus diversifié qu'on ne le pense. Dans la majorité des cas, un orage dit "classique" est constitué d’un mécanisme plutôt simple. En effet, l’air chaud et humide qui s'accumule près du sol s'élève, se refroidit et se condense, ce qui forme un cumulonimbus. Lorsqu'ils deviennent trop lourds, les cristaux de glace au sein du nuage chutent et génèrent un courant descendant qui accompagne les précipitations (pluie et/ou grêle) jusqu'au sol.

Schéma de la structure d'un cumulonimbus dit "classique" - Association Météo Centre

 

 

L'orage supercellulaire (ou supercellule) est, quant à lui, plus complexe mais aussi plus abouti. On y distingue la formation d’un mésocyclone. Il s'agit d'une baisse de la pression au cœur du nuage, comme si une dépression de très petite échelle s'y formait. Celle-ci entraîne une colonne d’air en rotation à l’intérieur même du nuage. Contrairement à un orage dit "classique", les courants ascendants qui circulent au sein de la supercellule possèdent donc un mouvement rotatif et sont particulièrement puissants, ce qui aide l'orage à gagner en intensité en s'élevant à des altitudes très élevées (parfois 12 à 15 km). Si le mouvement rotatif est suffisamment important, une tornade peut alors se développer.

Schéma de la structure d'un orage supercellulaire - Association Météo Centre

 

 

Comment reconnaître une supercellule ?

Tout d'abord, la supercellule est un orage de dimension limitée. Contrairement aux orages pré-frontaux qui peuvent s'étaler en ligne de plusieurs centaines de kilomètres, la supercellule mesure au maximum quelques dizaines de kilomètres. L'un des signes qui ne trompe pas est l'aspect circulaire/ovale de la cellule, qui témoigne du mésocyclone et des courants rotatifs au sein du nuage. Par ailleurs, on observe souvent un "nuage mur" bien délimité à la base du cumulonimbus, comme le montre ce cliché pris près de Rouen en juin dernier.

Orage supercellulaire à Bihorel (76) le 13 juin 2025 - photo Lilly Neel via Météo Seine-Maritime

 

 

Autre fait distinctif, on observe fréquemment une bande nuageuse horizontale, en forme de queue allongée (parfois nommée "queue de castor) à la base de l'orage supercellulaire. Il s'agit de la zone d'alimentation de la supercellule. Celle-ci aspire l'air chaud près du sol pour se nourrir et se renforcer. En s'élevant et s'approchant du nuage mur de la supercellule, cet air chaud et humide se condense et forme ce nuage qui peut ressembler à une queue de castor, très caractéristique des supercellules.

Supercellule et "queue de castor" en Ardèche le 11 juillet 2014 - photo Jérémy Bégot

 

Il existe différents types de supercellules et toutes ne se ressemblent pas forcément, bien qu'elles possèdent de nombreux points communs. De plus, la couverture nuageuse à l'avant de l'orage supercellulaire affecte évidemment son observation. Il peut arriver que des supercellules se greffent au sein d'un amas pluvio-orageux. Dans ce cas, il sera impossible d'observer distinctement le nuage.

 

 

Grosse grêle, violentes rafales, tornades... de multiples dangers

La supercellule est l'orage le plus abouti et donc également celui qui présente le potentiel violent le plus important. Les phénomènes que génèrent les supercellules sont multiples. Parmi eux, on peut notamment citer la grêle de grosse dimension. Car les courants ascendants sont puissants et tourbillonnent durablement au sein du cumulonimbus, ils sont capables de soutenir la formation de grêlons de grosse dimension, qui peuvent atteindre voire dépasser les 10 cm dans les cas les plus extrêmes.

Grêlons géants sous une supercellule dans le Nord (59) le 25 mai 2009 - photos Keraunos

 

 

Ces puissants courants rotatifs au sein de la supercellule peuvent aussi être à l'origine de courants descendants parfois très violents. Ces derniers peuvent alors déclencher des rafales descendantes particulièrement violentes, pouvant atteindre et dépasser les 150 km/h dans les cas les plus extrêmes. Enfin, comme nous l'avons évoqué plus haut, la tornade est un risque en cas de supercellule. Si le mouvement rotatif au sein du nuage est suffisamment important, une tornade peut toucher le sol et causer de gros dégâts. La majorité des tornades sont issues d'orages supercellulaires, bien qu'il ne s'agit pas de la totalité de celles-ci.

Tornade générée par une supercellule au Nebraska (USA) le 16 juin 2014 - photo Gabe Garfield @WxGabe

 

Auteur : Alexandre Slowik